L’agriculture d’aujourd’hui… Mais où va t’on?

On entend parler de beaucoup de sujets en politique, mais que va devenir l’agriculture française? Depuis 2-3 ans, les producteurs vivent des années compliquées et beaucoup essaient de tirer la sonnette d’alarme… parfois pas de la meilleure des façons (fumier / lisier épandu devant des enseignes, ministères)…

Il y a eu de belles années, très productives, où parfois même le producteur avait un joli train de vie! Seulement depuis que je suis rentrée dans le monde agricole, en sortant de mes études, année 2013, je vois ce secteur dégringoler ainsi que des gens usés. J’ai surtout côtoyé des producteurs céréaliers (en particulier maïs), légumes (haricots verts / maïs doux / betteraves), certains avec production de bovins viande et très très très peu en lait… (de moins en moins présents).

Les grosses exploitations (200ha-300ha), c’est vrai optimisent un peu mieux leurs charges, et ont réussi à tenir ces 3 dernières mauvaises années, mais même elles, vont-elles tenir encore longtemps si les prix restent bas?

Je vois beaucoup de petits producteurs qui il y a quelques années semblaient s’en sortir modestement mais vivre de leur travail. À ce jour, beaucoup sont sur leur fin de carrière, et se retrouvent avec des endettements importants car ils ne peuvent pas rembourser leur prêt, ce qu’ils ont toujours réussi à faire jusqu’à présent et ce n’est malheureusement pas leur retraite qui va les aider à payer cet endettement. Les dossiers d’ouverture de crédit sont de plus en plus nombreux pour pouvoir passer l’année en cours et financer les agrofournitures.

De plus, vu le milieu social d’aujourd’hui ainsi que la conjoncture agricole, beaucoup de jeunes vont être contraint de ne pas investir et de ne pas reprendre l’exploitation de leurs parents. Des jeunes supplémentaires à caser dans le monde de l’entreprise…

Certains se tournent vers l’agriculture biologique, les marchés de niche. Souvent pas par idéologie, mais pour vivre décemment tout simplement. Des aides à la conversion ont été mises en place car il existe encore des besoins dans cette filière. Par contre, dans certaines régions, les aides au maintien en bio ont été enlevées. Les producteurs produisant depuis longtemps par conviction n’ont plus le droit à des aides, et se trouvent parfois, voir souvent en difficulté.

Le bio, c’est bien, mais il faut que les prix restent présents ainsi que la demande. En terme de rendement, de production en céréales, il y a par contre une énorme différence : de 40 à 60% de production en moins voir plus. Des grosses hétérogénéités sont présentes en fonction des années et des parcelles. Le raisonné, conventionnel a donc sa place… sinon il y aura des manques de productions sur certaines cultures.

Le biologique a un coût, il est aussi important que les consommateurs soient d’accord pour payer le prix juste. Il est important aussi de rappeler qu’au niveau des céréales, l’agriculture conventionnelle utilise certes des produits chimiques, par contre, ces produits permettent aussi d’avoir un impact positif sur les mycotoxines (toxines toxiques pour l’homme produites par des champignons se trouvant sur les céréales : blé / maïs). Il y a des réglementations, mais il reste quand même une plus forte probabilité d’être exposé à un taux plus élevé en mycotoxines sur les céréales bio que sur les céréales conventionnelles. Dernièrement, sur maïs, légumes, on voit aussi que certaines mauvaises herbes peuvent contaminer les grains (toxines dangereuses pour l’homme ainsi que pour les animaux), hors, ces mauvaises herbes (DATURA au niveau du maïs) sont plus faciles à arracher à la main ou à désherber dans le maïs conventionnel que dans le bio (en céréales toujours). Dans des parcelles à fort enherbement (parcelles bio), il n’est pas possible de passer dans les rangées afin d’arracher cette mauvaise herbe dangereuse pour la santé…Un bon équilibre entre l’agriculture biologique et conventionnelle est à souhaiter à mon sens en céréales. Secteur dans lequel j’ai vu le plus de choses sur le terrain.  Le bio est globalement une production très positive, mais il existe des cas spécifiques…

Dans l’agriculture, on voit que chaque technique, mode de production a ses avantages et ses inconvénients. Rien n’est noir ou blanc. C’est comme le travail du sol. On dit que le labour détruit la micro faune du sol nécessaire à une bonne décomposition des débris, au bon fonctionnement de tous les mécanismes du sol afin de rendre le sol fertile au maximum. Pour cette raison, de nos jours, le travail simplifié du sol est pratiqué de plus en plus, en travaillant moins profond le sol, on évite de cette façon de détruire la microflore. Par contre, les stocks semenciers de mauvaises herbes restent eux bien présents ainsi que les œufs présents dans sol (limaces, vers et autres). L’impact du travail superficiel est très positif pour la conservation des sols cependant les producteurs pour pallier à la levée de mauvaises herbes vont devoir utiliser plus de désherbants sur les cultures, ou traiter chimiquement les sols avant d’implanter les cultures avec un glyphosate (herbicide non sélectif, détruit l’ensemble des herbes).

Il ne faut pas oublier que l’agriculture conventionnelle a connu d’énormes évolutions d’un point de vu durable grâce à des recherches scientifiques, de l’innovation et des contraintes économiques également. Les agrofournitures ont vu leur prix bien augmenter ces dernières années, donc chaque produit est optimisé, mis en quantité réduite (engrais – désherbants). Des analyses de sol sont faites par les producteurs régulièrement afin de savoir les besoins de leur sol en éléments nutritifs tout en tenant compte des cultures mises en place. Les couverts végétaux (cultures mises en place en hiver, lorsque les sols sont à nu : céréales, féveroles ou autres cultures, mélanges…) sont venu agrémentés le paysage afin de limiter l’érosion des sols, le lessivage ainsi qu’apporter des éléments nutritifs (car ils ne sont pas exportés et enfouis dans le sol). Des outils de travail innovants ont vu le jour, permettant de moduler les apports d’engrais, d’herbicide différemment d’une zone à l’autre sur une même parcelle en fonction de données précises.

Beaucoup de réglementations ont vu le jour, certaines nécessaires, d’autres pas adaptables à toutes les exploitations, et pas forcément les mieux adaptées… Beaucoup de services supplémentaires « réglementaires » à payer se sont développés, à la charge du producteur pour les zones vulnérables comme par exemple le prévisionnel de fumure azoté (nombre d’unités d’azote apportées dans le sol par les engrais et les fumier). Il y a une augmentation des charges globalement pour un même produit (avec un même rendement) au niveau du producteur, avec des prix de vente variables, et actuellement bas.

La priorité aujourd’hui à mon sens, c’est maintenir l’agriculture en France. Mais comment? On ne sait pas de quoi est fait le futur mais être dépendant d’autres pays vis à vis de l’alimentation est une grande faille à mon sens. Il faudrait que l’agriculture française ait les mêmes règles que nos pays voisins, enfin, plutôt que tous les autres pays aient les mêmes règles que l’agriculture française (Pas d’OGM, une autorisation des mêmes produits chimiques etc.) et que les réglementations soient plus adaptées, car trop générales, avec parfois des non-sens vis-à-vis de certaines situations.

Après il a encore beaucoup de réflexion à avoir! Le sujet reste vaste et très complexe mais j’avais envie d’exposer mon ressenti à ce jour. Après, je n’ai pas parlé de tout et tout est discutable même dans ce que j’ai écris en fonction des spécificités des cultures, etc.

Petite vidéo très efficace pour finir! 😉

 

 

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